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Richard de Cassentel
Admin
Richard de Cassentel


Nombre de messages : 88
Lieux de résidence : Château du Comte de Cassentel
Rang : Noble (Comte)
Date d'inscription : 27/07/2007

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MessageSujet: Retour à Naraya   Retour à Naraya EmptyLun 30 Juil - 23:31

La caravelle aux couleurs de Cassentel glissait avec souplesse sur les vagues paresseuses. Après plusieurs jours pluvieux, le temps se montrait enfin clément, et c'est un ciel sans nuage qui accueillait le retour du Comte Richard de Cassentel. De surcroît, l'air marin, chaud et vif, gonflait les voiles avec enthousiasme afin de hâter le retour au bercail du Comte de Cassentel. Que la nature se souciat du retour du Comte avait un petit quelque chose de rassurant si on considérait le fait que, sur le plan strictement humain, ce retour se ferait dans l'indifférence la plus totale. À Morclée, Richard de Cassentel était surnommé "L'Hermite". Dans un grand château comme celui de Cassentel, ce fait pouvait sembler banal. Après tout, dans tout ce dédal de pièces, il était normal que les quelques habitants ne s'y croisent que peu souvent. Sur un bâteau, cet état de fait était un rien déstabilisant.

Pourtant, Richard de Cassentel aimait vraiment la mer, et ses actions plutôt que ses mots l'indiquaient assez clairement aux matelots engager pour servir sur la caravelle. Son embarcation, Richard de Cassentel la connaissait de fond en comble. Lui eut-on demandé combien de noeuds il y avait à bord dans tous les cordages qu'il répondrait, le plus sérieusement du monde, "cinq cent quarante par temps pluvieux"... C'est donc avec une minutie quasi-nerveuse que l'on effectue ses quarts sur la caravelle du Comte. Non pas qu'il soit homme autoritaire. Disons plutôt que le Comte n'était pas homme que l'on aimait décevoir.

Pour l'instant cependant, Richard de Cassentel semble pensif. Accoudé à une ballustrade, son regard se fixe tour-à-tour sur l'eau et sur l'horizon. Les matelots le croient peut-être pensifs, mais dans les faits, Richard de Cassentel accueille avec joie le vide qui se fait dans son esprit. Mieux vaut le vide que le combat perpétuel... Installé ainsi, il se concentre sur ce qui l'entoure, sur ce vent marin qui lui réchauffe le visage, tâchant de sentir toute ces molécules d'air s'engouffrer dans sa barbe et faire la course entre elles en slalomant entre les poils. Son odorat aussi est titillé par ce courant d'air vif, alors que maintes odeurs marines atteignent ses bulbes olfactifs. Alors qu'un touriste qualifierait cette odeur bêtement et simplement de "marine" (suivit, chez les faibles de constitution, d'un haussement de coeur caractéristique...), un marin accompli comme Richard de Cassentel peut y déceler maintes légères variations, différenciant les algues des organismes marins supérieurs. Son ouïe n'est pas en reste, alors qu'au loin une faible rumeur vient confirmer ce que la vision des mouettes lui a déjà annoncé : la terre, et par le fait même le très agité port de Morclée, sont proches...

Le Comte soupire, tirer de ses rêveries par ces images du quotidien monotone qui l'attend encore une fois. Néanmoins, le fin de ce voyage catastrophe est aussi une bénédiction. Dans le meilleur des mondes, c'est exactement à cet instant précis que l'orage destructeur devrait se lever. Après une chaude lutte avec les vagues, il pourrait peut-être couler en paix...

Son arrivée à Cassentel en Magnoac n'était pas passée inaperçue... comme à chaque année d'ailleurs. On dirait que plus le temps passe, plus nombreux encore sont les curieux qui viennent assister à cet étrange pélerinage annuel. Comme à chaque année, à la vue de ces faux badauds qui lui lancent des regards crochent, Richard de Castelneau-Magnoac se renfrogne...

... couler en paix, se laisser aller sous l'eau sans même se débattre, en attendant cette inspiration fatidique qui viendrait calmer sa douleur. Il sait, néanmoins, que l'heure n'est pas encore venue. Beaucoup de choses doivent encore être dites et, bien qu'ils soient vieux, ses enfants ont toujours besoin de lui. Pourquoi continuait-il ainsi à retourner dans ses terres natales à chaque année, sachant qu'il n'en reviendrait que plus misérable?

La chambre de Richard a été préparée avec grands soins. Une fois que ses bagages y sont disposés, l'écuyer s'éclipse et laisse le père et le fils en tête-à-tête.

- Je vais laisser la direction du domaine à ton frère d'ici la fin de l'année, Richard.

Le vieux Comte de Cassentel n'en dit pas plus. Depuis les vingt dernières années, Richard est devenue un homme de peu de mot, s'exprimant souvent simplement par monosyllabes. Avec le temps, il s'est habitué à communiquer avec lui de façon brève, même si son amour pour son fils ne diminue pas.

- Alfred doit être prêt, père.

- Il l'est. Écoute Richard....

Suppliant, Richard se tourne vers son père. D'instinct, il sait quelle discussion l'attend.

- Ne me regarde pas ainsi! Je connais ta peine mon fils, et je la pleure encore moi aussi. Maintenant que je vais laisser les terres à Alfred, on m'appellera l'Ancien. La sagesse sera ma seule autorité. Hors, ma sagesse, tu devrais tenter de l'écouter mon fils. Je ne te demande pas de l'oublier, mais tâche de refaire ta vie tandis que tu es encore un homme décent!

- Je sais père. J'essaierai...

- Non tu n'essaieras pas! Ta voix me l'indique clairement... Ne me donne pas de réponse mon fils, mais réfléchis... réfléchis au temps qu'il te reste.


Malgré toute les complications et le déshonneur, son père l'avait toujours soutenu en silence, avec dignité. Un sourire triste se peint sur le visage de Richard de Cassentel. Il sait très bien que son père n'essait que de l'aider. Lui, de son côté, sait qu'il est déjà trop tard... et au moins il s'y était pris avec tact. Alfred, lui, en testant sa future autorité, en tentant de montrer que la couronne de maître des lieux lui allait, n'avait que précipité la crise.

- Voyons Richard! Pourquoi devons-nous toujours assister à cette mine triste et abattue... Nous vous voyons une fois par année, mon frère! Tâchez au moins de nous donner l'impression que cette visite vous fait plaisir!

- Elle me fait plaisir, Alfred...

- C'est loin d'être mon impression. Prenez mon conseil, mon frère : vous êtes encore jeune, toujours du temps devant vous! Pourquoi ne pas nous donner un ou deux autres petits Castelneau-Magnoac tandis que vous en êtes encore capable!

- Peut-être, Alfred...

- D'ailleurs, vous avez accordé déjà beaucoup de temps à ce deuil. Si vous continuez encore longtemps, les gens vont croire que vous cherchez à être pris en pitié. Hors, ce n'est pas dans les habitudes des Castelneau-Magnoac d'être pris pour des faibles!

Les poings serrés le long de son corps, Richard s'était retenu de briser son frère en morceaux. Une fois de retour dans sa chambre, il entra dans une rage épouvantable, réduisant à néant tout le mobilier. La nuit venue, ses rêves furent hantés par tous ses fantômes... Ses cris furent entendus dans tout le domaine, et Richard se cloîtra dans sa chambre pendant deux semaines entières.


L'air marin n'a plus un goût aussi agréable maintenant, alors que les souvenirs viennent gâcher l'éphémère joie du moment. Les traits du Comte sont crispés, alors qu'il se remémore des évènements encore récents. Il revoit les bouteilles vides. Il revoit ses murs zébrés de marques d'épé, et les vases brisés sur le plancher. La crise avait fini par passée, mais pas avant qu'il n'y ait plus rien eu à casser...

Aux petites heures du matin, Richard avait fini par quitter sa chambre. Seul, il était parti vers cette crypte qu'il avait fait ériger vingt ans plus tôt, avant de quitter pour Naraya. Sur lui, un document aussi épais qu'une Bible, mais qui n'en est pas une. Il s'agit de toutes ces lettres amoureuses qu'il a écrit et reçus, témoins d'échanges chauds et passionnés. Tristement, il les dépose au centre de la crype, s'agenouille, et prie à la mémoire de ses sentiments perdu...

- Aidez-moi... je vous en supplie, aidez-moi...

Lorsqu'il était ressorti les mains vides au grand jour, il était retourné au château aviser son père de son départ, lui annonçant aussi qu'il ne reviendrait plus...


Vaincu par la nostalgie et le désespoir, le Comte de Cassentel se redresse et se dirige vers ses quartiers. Sur son chemin, il donne quelques ordres brefs à son écuyer.

- Je ne veux pas être dérangé jusqu'à ce que nous ayons amarré dans le port. Lorsque l'on sera assez près pour envoyer des hommes au sol en chaloupe, tu viendras chercher une missive pour mes enfants. Tu leur feras parvenir. Je vais passer la nuit sur le bâteau, et j'irai au château demain.

L'écuyer hocha respectueusement la tête, regardant s'éloigner son maître. Il y avait quelque chose d'intensément noble dans la peine du Comte, mais, fatalement, il y avait aussi quelque chose de malsain...
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