Le château

Arrivant au pas de course devant le château, la jeune femme se fit bien vite arrêter. Fournissant rapidement le motif de sa visite ainsi que le désir d'être reçu ou tout du moins d'avoir l'avis du compte qui représentait le pouvoir le plus près d'elle et le plus accessible, Léonore attendit patiemment la suite des événements. Il était de son devoir de rapporter le fait, cependant rien ne garantissait qu'elle pourrait le faire comme il se devait. Si elle ne pouvait en faire part au compte ou tout du moins à quelqu'un qui avait plus d'expérience et de connaissances qu'elle, il lui faudrait se débrouiller autrement.

Les gardes en poste empechèrent la jeune femme de passer.

-Le Comte est absent ainsi que son fils. Nos ordres sont claires, Personne ne doit franchir cette porte.

Ils ne dirent plus mots, et le regard dans le vide ils attendirent que la jeune femme fasse demi-tour.

Ne s'entêtant point, Léonore fit demi-tour. À présent, il ne lui restait plus que Naraya. Songeant à aller y trouver quelques érudits, elle dut pourtant se rendre à l'évidence que la nuit serait tombée avant même qu'elle ait fait la moitié du chemin. Rennoncant, elle retourna chez elle se promettant de partir dès l'aube le lendemain et de poursuivre ''sa mission''.

Le galop de deux coursiers n'avait pas échappé aux deux hommes. Théodoric, si parfait gentilhomme raffiné restait un chasseur infatigable. Son ouïe, lorsqu'il chevauchait en forêt était toujours en alerte... Un gibier, inconcient du risque qu'il prenait, pouvait se placer sur la route du chasseur, du chasseur que jamais le beau Théo ne cessait d'être.

Sans un mot échangé, les deux cavaliers, si complices, ralentirent le léger trot de leurs étalons, au grand déplaisir des étalons en question qui décidement sont les grands frustrés d'une matinée qui commençait si bien.

Aux aguets, bien que Cassentel soit un lieu sûr au sein du Royaume, ils attendirent ce qui semblaient être deux chevaux... le "Théodoric" lancé par la belle teinta agréblement aux oreilles du frère de Myranda... "Myranda", ne se sentant plus de joie, comme à chaque fois qu'il croisait sa quasi jumelle, Thédodoric se lança vers les deux cavalières. L'étalon, trop longtemps maintenu à un pas qui ne lui convenait pas se lança avec un plaisir non dissimulé... Pour stopper net, sur ordre de son maître devant les deux cavaliers...
Le sbire de Théo resta en arrière, il savait que son maitre, ami, ex-élève ne supportait que mal d'avoir témoin à ses entrevues avec sa trop jolie soeur.
De plus, il craignait Myranda, comme tout homme doué de raison eut du le faire. Mais face à Myranda la plupart des hommes perdaient toute notion de raison.

Théodoric était radieux, il buvait des yeux sa soeur, négligeant son compagnon envers qui il n'avait eut qu'un regard que quiconque eut pris comme un avertissement du style "t'es encore la, toi !".
Il adorait voir Myranda monter, si féminine malgré sa posture. La voir monter ainsi créait un véritable paradoxe, une pose masculine qui exacerbe sa féminité, la jette à la figure.

- Myranda, enfin, nous voici réunis sur nos terres... chez nous.

La joue de Théodoric eut un frémissement sous la douce caresse de Myranda.
Il la regardait ... presque comme un amant.

- Myranda... une mauvaise nouvelle ?

Il pris le message, découvrant la maladie et l'exil forcé de Monsieur son Père. Père... Qu'était son père pour le beau et vaniteux héritier des Cassentel ? UHm, délicat à analyser, il était un pourvoyeur des plaisirs, le Comte n'avait rien refusé à ses deux enfants et on voyait bien que le résultat de cette éducation n'értait pas des plus brillants. Deux créatures du plus bel aspect, sans aucun doute, dotées de qualités intelligence, culture, goût de la chasse et des armes pour le garçon, parfaite femme pour la fille, mais des défauts terribles, ce besoin de séduire exacerbé pour les deux, cette volonté d'avoir tout, de suite, cette soif de jouissance vaine ... De plus THéodoric se demandait s'il aimait son père, quel effet lui faisait la missive ? Peu, en fait, il était contrarié d'avoir à gérer Cassentel, indéniablement. Les tâches matérielles le répugnait...

- C'est vraiment une mauvaise nouvelle, ma toute belle... Gérer ce lourd Comté me tente peu -rire- et c'est un doux euphémisme. Je souhaite que notre cher père se remette au plus vite, voilà qui est fort contrariant.

Théodoric pris un air boudeur...

Théodoric ne pu empêcher un sourire sur ses lèvres. Il savait que Myranda le voulait en Comte responsable, il savait aussi qu'elle était plus proche de leur père...

- Ne t'inquiètes pas trop, petite soeur de mon coeur, je m'en tirerai... sache que la maladie de ... père me touche, un peu... enfin je n'en sais rien, nous ne sommes pas si proche mais néanmoins... c'est mon père. Tu vois quand je parle de lui je n'arrive pas à être cohérent. J'espère que tu ne m'en veux pas de ne pas l'aimer comme tu l'aurais peut-être souhaité ?

Théodoric savait qu'elle ne pouvait lui en vouloir totalement...

- Quand à la Cour ... Pourquoi pas ?
Comme tu le sais, tu l'as vu il y a si peu, je suis proche d'Olrik, il a fait de moi un Conseiller du Royaume, Nathan de la Fère le sera aussi...
Cela me rapprochera du Roi, cela m'aidera à servir mon Prince, Olrik... Dont je joue la carte, et que j'aimerais que tu aides... toi aussi ... avec tes armes...
En ce qui concerne Nathan, il est notre ami et nous ferons de lui le beau frère du Roi... alors tu peux l'épargner.
Mais les autres, tous les autres, ma beauté, sont à toi. Tires-en des informations, rapproche les d'Olrik et de moi, mon aimée...

Sa main droite dégantée jouait avec une mèche rebelle de sa soeur ... il regardait cette mèche comme fasciné par elle. Ses derniers mots avaient été sussurés si prêt de l'oreille de sa soeur qui eut pu l'embrasser sans bouger un seul muscle.

La missive parvint au château en fin de journée. Ne croisant personne à son arrivée, l'écuyer du Comte laissa la lettre sur la table du luxueux salon du Comte, tout en prenant bien soin d'ordonner aux domestiques de la communiquer aux enfants du Comte de Cassentel dès qu'ils reviendraient au château.

Caravelle Isabella, port de Morclée

Mes enfants,

mes forces me sont revenus et l'Isabella est de retour au port de Morclée. Je vais y passer la nuit, mais serez de retour demain matin. Veuillez vous assurer que ma chambre soit préparé, et soyez libres pour un souper familial demain soir.

Bien à vous,

Votre père,

Richard de Cassentel

Nestor, l'intendant du château avait bien des soucis ...
Depuis le départ du Comte Richard, les "petits" tournaient mal. Ils les connaissaient depuis tellement de temps qu'il les appelait pour lui même "les petits", jamais il ne l'eut dit devant eux. Myranda était tellement imprévisible, il la soupçonnait d'avoir fort mauvais fond, une jeune fille de la noblesse ne pouvait se comporter comme elle, chevauchant au gréé de ses envies et ... le fils ne valait guère mieux, arrogant, méprisant, une vraie canaille qui avait du trousser tous les jupons qui passaient au château...
Il en arrivait à sélectionner les domestiques, quelque soit leur sexe, en fonction de leur laideur pour éviter aux "petits" ...

Bon, en tout cas, aucun des deux n'était au château. Et le Comte comptait sur un accueil qui lui était du. Il va de soit que notre bon intendant avait lu le message, sinon qui l'eut donc fait dans cette demeure que les rejetons comtaux prenaient pour un simple dortoir de luxe.

Il pris donc en main toute la logistique de l'affaire, comme il le faisait d'habitude... On ne pouvait compter sur un des deux chenapans de Cassentel pour faire apporter des draps frais ou faire chauffer la chambre du Comte Richard... Nestor commanda aussi, fissa, au cuisinier une bon diner, autour d'un chapon, accompagné de deux lièvres magnifiquement faisandés, voilà qui était réglé... Et, tout aussi promptement tenta de trouver qui pourrait se jetter sur les routes pour trouver au moins un des deux enfants du Comte.

Deux jeunes palfreniers feraient l'affaire, il envoya le premier vers la fameuse auberge ou Marcus, l'homme d'arme et damné serviteur personnel de Théodoric, avait dit accompagner souvent son maitre ... et ami.

Pour la donzelle Myranda, il ne savait où elle avait pu aller trainer ses jupons trop serrés et souvent trop courts... Il envoya néanmoins le second palfrenier dans la forêt domaniale du Comté... esprérantq ue le jeune homme la trouverait seule, si jamais elle y trainait. Le jeune homme était un petit gros, très acnéique, sélectionné spécialement pour se trouver éventuellement seule avec la trop brulante jeune Dame...

Notre bon Nestor, si efficace, ayant l'impression de n'avoir rien oublié, repris ses fastideuses - aux dires des rejetons comtaux- tâches de gestion du domaine. Ce vaste domaine qui n'intéréssait pas plus le comte, dépressif, abattu par le deuil, que ses deux enfants terribles qui eux ne faisaient que dépenser un or qu'ils ne gagneaient pas à la sueur de leurs fronts, fort beaux par ailleurs.
Il failli penser quelque chose de fort grivois mais heureusement, pris par l'ampleur de la tâche, il l'oublia très vite... Nestor était fidèle à la maison comtale, depuis si longtemps....

Myranda arriva au château de son père, endroit qu'elle n'avait que très peu habité depuis les dernières années, et confia sa monture au personnel de l'écurie. Ses cheveux étaient défaits, ébouriffés par le vent, et sa robe salie par la terre de la rive. Un fin sourire se dessina sur son visage à la pensée que son père serait bientôt là. Elle se dirigea vers ses appartements en criant à Nestor d'y faire monter deux servantes.

L'arrivée du Comte de Cassentel au château se fit sans grand faste. Certains nobles semblent ressentir le besoin de se faire accueillir par tous les habitants de leurs dépendances. Pour Richard de Cassentel, quelque chose du genre eut été une torture plutôt qu'un accueil chaleureux. C'est donc dans la plus grande discrétion qu'il arriva au château de Cassentel, empruntant l'entrée latérale plutôt que l'entrée principale.

Lorsqu'il descendit de sa monture, c'est avec un air morose qu'il accueillit la vision de la cour intérieure du château. Il se serait passé de cette vue pendant encore quelques semaines s'il avait pu. La grimace n'échappa pas à l'écuyer du Comte, qui avait de plus en plus hâte d'être assermenté Chevalier pour pouvoir quitter le château...

- Messire Comte, je vais m'occuper de votre monture.

D'un air distrait, Richard de Cassentel tendit les rênes à son écuyer, qui était plus qu'heureux d'aller se réfugier à l'écurie.

Lorsqu'il entra dans le château, l'agitation qu'il vit lui révéla tout ce qu'il avait besoin de savoir : le va-et-vient de deux femmes de chambre, visiblement débordées, ainsi que l'agitation palpable des valets et des cuisiniers étaient autant de signes que le château avait été, en quelque sorte, laissé à l'abandon pendant son absence. Alors qu'il revenait, on se dépêchait de tout remettre en ordre. Dans les circonstances, plusieurs auraient crié, tonné, menacé... et peut-être même que le gibet aurait accueilli quelques nouveaux ornements. Mais Richard de Cassentel ne se donna même pas la peine de faire une moue réprobatrice. Le Comte était las. Au fond, pouvait-il vraiment blâmé ses enfants de déserter ainsi le château à chaque fois que lui, s'éloignait? Ils semblaient tous deux peiner à endurer les lieux lorsqu'il s'y trouvait... peut-être était-ce sa propre faute, après tout?

Poussant un soupir, le Comte annonça qu'il irait se rafraîchir dans ses appartements, et demandant qu'on lui serve une infusion à la bibliothèque. Il irait se réfugier devant son échiquier en attendant que Myranda et Théodoric daigne venir le saluer.

Ayant cédé non sans regret les rennes de sa jument entre les mains d'un écuyer au regard farouche et fuyant.
Rhodan inspira longuement.
Il sortit rapidement d'une main adroite un morceau de miroir de la doublure de son veston.
Il s'appliqua à lisser d'un doigt nerveux et maniaque une mèche rousse trops légère.


Il s'appelait donc Sir Grésil et était un envoyé des régions de Nushki.
Il connaissait entre autre un certain Mr de Prévin habitant Ordeanguel. Il se rendait actuellement à Naraya pour une mission. Il souhaitait pouvoir s'entretenir avec le Comte de Cassentel pour connaitre son opinion et savoir si, dans le cas où le roi n'acceptait pas un accord militaire, lui-même serait interessé.

Rhodan se composa un visage au trait de marbre et au sourire si léger et forcé qu'il paraissait froid. Il fit grisser le cuir de ses gants et se redressa exagérément.Parfait.

Il frappa au heurtoir de l'aile principale des habitations du château.Tout paraissait emplit de pénombre dans la cour intérieure.